Juillet 2019, Paris 16ème. Il fait beau, il fait chaud, et le soleil est au rendez-vous. Comme tout bon parisien qui se respecte, je décide de prendre mon vélo et d’aller profiter du beau temps pour pique-niquer au Bois de Boulogne.
Casque sur la tête et baguette bien calée dans le panier, je slalome gracieusement entre les voitures.
Après avoir traversé une intersection plutôt animée, je m’engage dans une petite rue tranquille. Le bois n’est plus très loin et je me délecte déjà à l’idée de ma douce après-midi estivale.
Une dernière vérification avant l’arrivée: la baguette est toujours là, je n’ai pas oublié le plaid pour m’allonger dans l’herbe, et mon téléphone…Où est mon téléphone?
Paniqué, je remonte toute la rue à sa recherche. Miracle, je l’aperçois à l’entrée de la ruelle, au milieu de la chaussée. C’est alors qu’une Fiat 500 rutilante surgit de nulle part. Mon regard croise celui de la conductrice : 65 ans, pleine aux as, un collier de perles vissé autour du cou, et un tailleur que je ne peux imaginer qu’être du Chanel.
Je pourrais facilement parcourir les quelques mètres qui me séparent de mon téléphone en pressant le pas, mais la vieille rombière au volant n’a pas l’intention de me laisser le récupérer. Elle accélère, et l’avance que j’avais sur elle se réduit.
Je ne peux qu’assister, impuissant, à la fin tragique de mon smartphone. Pour la conductrice c’est un strike, elle aplati mon téléphone comme une crêpe sur le bitume. J’entends la coque se briser dans un fracas assourdissant, l’écran déjà fissuré crissant sous ses pneus. Il n’aura fallu que quelques secondes à cette castafiore au rabais pour réduire à néant mon téléphone et mes rêves d’après-midi au soleil.
Encore incrédule, je m’aperçois que la conductrice ne m’a pas quitté du regard une seconde, un sourire narquois sur son visage.